Comme beaucoup d’autres cités, la ville de Gelos a donné le nom de Jean Moulin à l’une de ses rues. Pour rendre hommage à cette grande figure de la résistance, un projet ambitieux a été mené, associant notre établissement, le Lycée des Métiers de l’Habitat et Industrie, et la municipalité.
Il consistait en la conception, la réalisation et la mise en place d’une stèle commémorative à l’entrée de la rue concernée.
Au sein de notre lycée, ce travail a été effectué conjointement par les équipes d’enseignement général (lettre-histoire/géographie) et professionnel (chaudronnerie industrielle, menuiserie aluminium-verre).
La stèle se compose d’un corps en métal (structure interne + panneaux d’habillage) dans lequel sont pratiquées deux ouvertures : la plus grande contient un portrait de J.Moulin supporté par une plaque de verre, la plus petite présente le QR code donnant accès aux informations.
Ci-dessous : un reportage en image des différentes étapes de la réalisation de ce projet, l’inauguration et, plus bas, une biographie de Jean Moulin.
La réalisation de la stèle
La réalisation du portrait de Jean Moulin sur une plaque de verre a fait appel à une combinaison de deux techniques : d’une part le sablage de surface, d’autre part la peinture. Le sablage permet de jouer sur des teintes de gris en donnant un aspect plus ou moins dépoli à la surface, la peinture apporte les touches de couleur nécessaires.
Le choix du portrait emblématique de Jean Moulin revêtu de son pardessus, de son écharpe et coiffé de son chapeau s’est imposé naturellement. Au noir et blanc qui sont ses teintes d’origine, il a été décidé de rajouter du rouge pour l’écharpe, représentant le sang versé pour la France.
L’inauguration
Mercredi 26 janvier 2022, la stèle a été installée sur son emplacement définitif et l’inauguration a eu lieu, en présence de nombreux adultes, dont plusieurs représentants d’instances officielles, mais aussi des élèves ayant participé au projet.
Comme il est de coutume dans ce genre de cérémonie, plusieurs personnes ont pris la parole pour à la fois marquer la solennité du moment, replacer le projet dans son contexte et remercier tous ceux qui ont contribué à sa réalisation.
C’est tout d’abord M DELQUIGNIE, responsable de la police municipale de Gelos, M NUNN, proviseur du lycée, puis Mme GHEDJATI, professeur de lettres-histoire-géographie, initiatrice et coordinatrice du projet, qui se sont exprimés (de gauche à droite ci-dessus).
L’inauguration proprement dite a ensuite eu lieu (ci-dessus), matérialisée par le dévoilement de la stèle effectué conjointement par M NUNN, Mme GHEDJATI, mais aussi Mme DELQUIGNIE, adjointe au maire de Gelos (à gauche de la stèle sur la photo de droite ci-dessus) et Mme JANVIER (bonnet noir), ancienne proviseure du lycée, en poste lors du démarrage du projet.
Pour entrer en résonance avec l’histoire et rappeler la mémoire de tous ceux et celles qui, parfois au prix de leur vie, ont mené au cœur de la résistance la lutte contre l’oppresseur nazi, Mme GHEDJATI, leader de chorale improvisée, a proposé à tous les présents de chanter le chant des partisans, préparé et répété dans les jours précédents par un groupe d’élèves.
Mme DELQUIGNIE (à droite), représentant le maire de Gelos souffrant, M GLACIAL (au centre, pantalon bordeaux), responsable du musée de la résistance et de la déportation de Pau, Mme POUEYTO (manteau blanc), députée de la circonscription et M LACOSTE (à gauche), conseiller départemental, ont pris tour à tour la parole dans le cadre de leur représentation, mais aussi dans un registre plus personnel.
La traditionnelle photo de groupe réunissant officiels et élèves (ci-dessus), et celle regroupant les jeunes entourant Mme GHEDJATI (ci-dessous). Bravo à eux et elle !
Pour terminer et se réchauffer un peu, une collation a été servie dans les locaux de l’établissement (ci-dessous). Merci à l’équipe du service restauration !
Jean MOULIN (1899-1943)
Jean Moulin, né le 20 juin 1899 à Béziers, fait ses études de droit à l’université de Montpellier. À la fin de la Première Guerre mondiale, il entre dans l’administration préfectorale.
Sous-préfet d’Albertville en 1925, affecté successivement à Châteaulin, Thonon et Montargis, puis dans la Somme, il entre en 1936 au ministère de l’Air comme chef de cabinet du ministre Pierre Cot, où il participe notamment à la création d’Air France.
Il est nommé préfet de l’Aveyron, à Rodez, en janvier 1937, puis muté en Eure-et-Loir, à Chartres, quelques mois avant la déclaration de la guerre. En septembre 1939, il s’engage comme sergent-mitrailleur dans l’armée de l’air, mais doit regagner sa préfecture sur l’ordre du ministre de l’Intérieur.
Dans l’exode général qui suit la percée du front en juin 1940, il reste seul à son poste, et, le 17 juin, en grande tenue, il attend les troupes ennemies dans la cour de la préfecture. Alors qu’il s’apprête à défendre les droits de la population, les Allemands veulent l’obliger à signer un protocole qui accuse les troupes françaises en retraite d’avoir massacré des civils. Il refuse. Ils le traînent alors devant les cadavres déchiquetés des prétendues victimes et le torturent jusqu’à l’épuisement de ses forces mais n’en viennent pas à bout.
Ramené à Chartres, il est enfermé dans la conciergerie de l’hôpital, averti qu’il serait conduit, à nouveau, le lendemain, sur le lieu de son supplice. Et, pour ne pas céder, pour sauver son honneur et l’honneur de l’armée française, il se coupe la gorge avec un débris de verre. Retrouvé le lendemain au milieu d’une mare de sang et transporté à la préfecture, il échappe à la mort par miracle.
Le 2 novembre 1940, le gouvernement de l’État français le relève de ses fonctions. II se réfugie en zone sud et, sous l’identité de Joseph Mercier, professeur de droit dans une université américaine, il prend contact avec les premiers mouvements de Résistance qui se forment dans le Sud-Est, puis il s’échappe de France en août 1941, rejoint Londres par l’Espagne et le Portugal, et prend immédiatement contact avec le général de Gaulle.
Chargé de reprendre contact avec les réseaux métropolitains, il est parachuté au-dessus des Alpilles le 1er janvier 1942. Après quelques mois, il repart pour Londres en avion, et, sous l’identité du caporal Mercier, il y est fait Compagnon de la Libération.
Nommé délégué général en France du général de Gaulle, Jean Moulin repart alors de Londres par avion pour réaliser sa tâche considérable de faire l’unité de cette Résistance française qu’il a déjà ralliée à la France libre et dont il est maintenant le chef. Il réussit contre tout espoir à unifier les groupes épars dans le pays, à intégrer tous les partis politiques, tous les organes syndicaux, à leur donner une organisation et à les plier à une discipline commune.
Le 27 mai 1943, il préside à Paris, au 48 de la rue du Four, la première réunion du Conseil national de la Résistance, qu’il avait créé. II y a rang de ministre du Comité de Libération nationale d’Alger sous le nom de Monsieur X. Un mois plus tard, le 21 juin, il est arrêté par la Gestapo à Caluire, près de Lyon, où il s’est rendu sous le nom de Jacques Martel pour répartir aux chefs militaires les commandements de l’Armée secrète.
Interné au Fort Montluc, interrogé par Klaus Barbie, Jean Moulin ne dit rien. Il est transféré début juillet avenue Foch à Paris puis dans une villa de Neuilly, où la Gestapo avait coutume « d’interroger » des personnalités importantes ; sans que l’on sâche réellement si c’est à cause des tortures subies ou parce qu’il a tenté de se suicider, son état de santé est désespéré. C’est vraisemblablement pour tenter de le soigner et de le conserver comme otage qu’il est transféré en Allemagne. C’est dans le train, quelque part entre Metz et Francfort, alors qu’il n’a déjà plus figure humaine, qu’il meurt le 8 juillet 1943.
Ses cendres, jusqu’alors déposées au Père Lachaise, ont été transférées au Panthéon le 19 décembre 1964 lors d’une cérémonie solennelle présidée par le général de Gaulle, chef de l’état.